Comprendre les pleures du nourrisson pour l'apaiser plus facilement.
- Marie Sery-Leclerc
- 9 juil. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 janv.

Un mode d'expression et d'apprentissage, les pleures ne sont pas à négliger. Dans cet article, je vous propose de comprendre plus en détail les conditions de naissance de nos bébés, les enjeux qui en découlent pour nous parents, et enfin, de lever le voile sur les pleures de décharges, ces cris qui peuvent faire basculer la famille dans le désarroi complet.
1/ Bébé humain, immature et vulnérable.
L'humain fait parti des mammifères les plus immatures à la naissance. Le cerveau d'un bébé à terme, fait à peine 30% de sa taille adulte (il en fera 90% à l'âge de 3 ans). Cette grande immaturité s'explique notamment par l'étroitesse du bassin des Hommes. Depuis que l'homme est bipède, c'est à dire, qu'il se tient sur deux jambes, son bassin s'est adapté à cette posture, et pour tenir droit, il est moins large. L'utilisation des bras et des mains, différemment des jambes a elle fait augmentée la taille du cerveau et donc de la tête. C'est pourquoi, malgré la souplesse du crâne, avec l'absence de soudure des os crâniens (fontanelle), si un bébé devait naître "mature" ça ne passerait pas dans le bassin. A titre de comparaison, la maturité du bébé chimpanzé à la naissance, correspondrait à un enfant de 18 mois.
Une grossesse de 18 mois, ça serait chouette non ?
Bien sûr avec une gestation aussi longue, on comprend vite que la naissance par voie basse du bébé serait impossible. L'espèce humaine s'est donc adaptée au fil du temps.
L'immaturité et la vulnérabilité du nouveau-né, font qu'un bébé seul n'est pas adapté à la survie dans notre monde. Il dépend totalement de ses parents pour survivre. Mais cette immaturité est extraordinaire, aussi appelée "plasticité", elle offre aux bébés la possibilité d'évoluer et de faire de merveilleux apprentissages au cours des premières années de vie !
2/ Naissance : un monde hostile pour les bébés.
Les premières 72 heures intenses de bébé : adaptations néonatales.
Je vous rassure, je ne vous dirais pas s'il faut avoir ou non des enfants, si cela sauvera ou pas la planète, que notre monde brûle, etc. Ca, je vous en laisse seul juge et partie !
Je souhaite juste mettre en lumière, l'incroyable tunnel que franchi bébé à la naissance, lorsqu'il passe du milieu in-utéro au vaste monde. Les changements d'environnement sont énormes, lumière, bruit, humidité, température... tout change, tout est nouveau, c'est terrifiant !
Une solution pour aider bébé à mieux le vivre ? Bien sûr, il faut se rapprocher des sensations qu'il connait. On fait le point ?
Dans le ventre (in-utéro) | Dans notre monde | |
Température | Chaleur constante (autour de 37°C) | Variable, froid |
Respiration | Aucun effort respiratoire | Respiration autonome |
Succion | A volonté avec liquide amniotique | Restreinte, absente |
Bruits | Bruits blancs et battement du coeur | Sons multiples |
Lumière | Très tamisée | Vive, stimili nombreux |
Sensation | Flottaison, contenance | Gravité, vide |
Humidité | 100% bébé nage | Variable |
Quand bébé est in utero, la température du corps de sa maman est constante, autour de 37 degrés. Bébé reçoit tous ses apports, oxygène et nutrition, via le cordon ombilical, c'est "automatique". Bébé flotte dans le liquide amniotique, il va le boire par succion (on estime que bébé boit entre 200 et 500ml par jour) et ce liquide, stérile, le protège et assourdi les bruits environnants.
Selon les conditions de la naissance et selon les bébés, certains auront plus ou moins de capacité d'adaptation à ce nouveau monde. Si on réfléchi par rapport au tableau comparatif, le meilleur endroit pour se rapprocher des conditions de vie connue, c'est : sur sa mère, en peau à peau, au sein, dans un environnement calme, chaud, et sombre.
Ne nous alarmons pas, un bébé sera aussi très bien installé sur le co-parent dans des conditions similaires !
Pourquoi ai-je indiqué prioritairement la maman ?
Tout simplement car son odeur est connue, et que l'allaitement est un réel facteur de bienfaits pour bébé. Si une mère souhaite biberonner pour les raisons qui l'incombe, le peau à peau sera vraiment très intéressant, et le besoin de succion pourra être comblé par le doigt ou une tétine.
Même s'il faudra l'objet d'un article séparé, il me semble intéressant de rappeler ici, que le colostrum, le premier lait, n'a pas de grande valeur nutritionnelle et hydrique.
Qu'est ce que cela veut dire ?
Qu'avant la montée de lait, qui n'arrive en générale qu'au 4ème jour de vie, bébé ne reçoit aucun apport en énergie et en eau. Il doit vivre sur ses réserves. Un bébé né avant terme est donc par définition, plus à risque de déshydration et d'hypoglycémie. Pour le protéger, il faut veiller à limiter les pleures, et l'évaporation de l'eau. Pour cela une solution : la bonne adresse ! Chaud, calme et sécurisant. Il faut le protéger de l'évaporation de l'eau, en conservant son vernix, et en veillant à le laisser couvert d'un tissus, même fin en cas de forte chaleur. Le froid quant à lui, mobilisera énormément de réserve calorique. Nous reviendrons plus en détails sur ces différents éléments lors d'un prochain article sur les soins à apporter au nouveau-né, et les bienfaits de retarder le premier bain.
Pour conclure ce paragraphe sur l'immaturité du cerveau des nouveau-nés, et avant d'aborder différents pleures dont les pleures de décharges, parlons des caprices. Garder bébé contre soin, au sein à volonté, sans le poser fera-t-il de lui un capricieux ? Son cerveau est immature, son néocortex (la raison) est inexistant. Il ne vit qu'avec son cerveau reptilien (les émotions). On estime qu'il faudra 4 ans au cerveau, pour que le néocortex rattrape son retard, et 7 ans pour la raison prenne le dessus ! 7 ans ! L'âge de raison. Alors non, avant l'âge de 4 ans les bébés sont incapables de caprices. C'est scientifique.
3/ Les raisons courantes des pleurs chez le nouveau-né
La faim
Les nouveau-nés ont de petits estomacs et ont besoin de manger fréquemment. Les pleurs peuvent être un signe de faim. On peut alors apprendre à observer les signes de faim précoce comme sucer les doigts, faire des bruits de succion ou chercher à téter cela permet d’éviter les pleurs.
Le besoin de changer la couche
C’est connu, une couche mouillée ou sale peut rendre le bébé inconfortable. En vérifiant régulièrement la couche, cela peut aider à prévenir ce type de pleurs.
La fatigue et la sur-stimulation
Les bébés pleurent souvent lorsqu'ils sont fatigués et qu’ils ne peuvent pas s'endormir. On retrouve des signes comme le frottement des yeux, les bâillements et l'irritabilité. Cela peut être accentué lorsqu’il y a trop de bruit, de lumière ou d'activité. La sur-stimulation entraîne des pleurs. Offrir un environnement calme et apaisant peut tout à fait aider.
L’inconfort et le besoin de réconfort
Les pleurs peuvent indiquer que le bébé a trop chaud, trop froid ou est mal à l'aise. Il faudra s’assurer que bébé est correctement habillé et confortable. De même, les nouveau-nés ont souvent besoin de contact physique et de réconfort. Les porter contre vous, les bercer ou les allaiter, cela peut les apaiser.
Les coliques et gaz
Les coliques peuvent causer des pleurs prolongés et inconsolables, souvent en fin d'après-midi ou en soirée, ils sont d’ailleurs difficile à différencier des pleures de décharge. Les gaz peuvent également provoquer des douleurs abdominales.
Les maladie ou la douleur
Évidemment, si les pleurs sont inhabituels et persistent malgré les tentatives de réconfort, cela peut indiquer une maladie ou une douleur. Tout signe anormal (fièvre, éruptions cutanées, vomissements ou changements dans l'appétit ou les selles) nécessite une consultation médicale.
Cas particulier : Les pleures de décharge, pleures de fin de journée ou soirée.
Avez-vous déjà remarqué, en tant qu'adulte (humain mature) on a des pics de vigilance en commun ?
La belle productivité de matinée, le coup de pompe (fatigue) de début d'après-midi, ça vous parle ? Oui, il y a l'effet de la digestion, mais ce n'est pas la seule cause. Notre cycle normal est ainsi fait, nous avons deux pics d'hypervigilance, un dans la matinée et un en fin d'après-midi.
Fin d'après-midi, pic d'hypervigilance, vous commencez à voir où je veux en venir ?
Et oui, c'est bien l'un des premiers apprentissages de bébé, réguler son cycle. A la longue, bébé deviendra diurne (qui vit le jour et dort la nuit).
Ainsi, le pic de l'après-midi, est souvent le premier signe d'évolution repérable du nouveau-né. Incroyable non ?
Alors forcément, cette évolution n'est pas toujours contrôlée, maitrisée... Cela crée une différence entre les bébés, certains auront des pics beaucoup plus intenses que d'autres. Et ce n'est que le début. L'apprentissage n'est pas linéaire, chaque bébé est différent, et si la physiologie est commune à tous les petits Humains, ils l'expriment et la vivent différemment selon leur environnement et leur métabolisme interne. Chaque bébé, chaque enfant, chaque humain est unique.
4/ Quelles stratégies pour apaiser bébé ?
En premier lieu, on va bien sûr s’assurer de répondre aux besoins de bébé : donner à manger et changer la couche, cela élimine facilement des causes de pleures.
Ensuite, le besoin primordial de bébé : être en sécurité dans les bras de son parent. On pourra alors utiliser des bruits doux, des berceuses ou des chants pour l’apaiser. De même, les mouvements doux, les bercements ou une balade, pourront aider à calmer les pleurs. Il ne faut pas négliger le besoin de succion qui peut être source de difficultés pour le nouveau-né s’il n’est pas comblé, on pourra utiliser une tétine, un doigt ou le sein lors d’une tétée de réconfort. Les massages aideront à soulager des coliques (voir l’article sur la constipation de bébé).
Cas des pleures de décharge :
Pour ces pleures très spécifiques, il faut apporter au bébé de la SECURITE.
Bébé a un grand besoin de se sentir rassurer . Cet apprentissage lui demande beaucoup d'énergie, c'est très déstabilisant pour lui et ça fait peur. Même si vous avez la sensation de ne servir à rien, vos bras et votre amour seront vos meilleurs alliés fasse à ces pics intenses.
Alors on oublie les injonctions familiales, les remarques désobligeantes de papy René (désolée pour les papy René bienveillants !). NON, bébé ne deviendra pas capricieux car vous répondez à ses besoins ! NON, non et re-non.
On l'a vu précédemment, un bébé ne fait pas de caprice. Son cerveau n'en ait pas capable.
Répondre à ses besoins, c'est lui apporter la sécurité et les clefs pour qu'il puisse grandir sereinement et explorer le vaste monde en sachant qu'en cas de problème, il peut compter sur vous !
J’espère vous avoir apporté des réponses afin de mieux comprendre votre bébé et ainsi mieux vivre vos premiers jours à ses côtés.
A bientôt.
Marie
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